Prix Goncourt 2009
Marie
NDiaye, prix Goncourt 2009 pour "Trois femmes puissantes", a estimé
"très excessifs" ses propos sur "la France de Sarkozy"
qu'elle avait qualifiée de "monstrueuse" en août dernier, dans une
interview diffusée mercredi sur Europe 1.
Photographe : Martin Bureau
AFP/Archives :: Marie Ndiaye pose avec son livre "Trois Femmes
Puissantes" après avoir reçu le Prix Goncourt 2009, le 2 novembre 2009.
Interrogée sur sa décision de s'installer à Berlin après l'élection de
Nicolas Sarkozy en 2007, la romancière a rejeté l'idée d'"une forme d'exil
politique".
"Non,
je n'aime pas dire les choses ainsi, c'est très excessif. Je ne veux pas du
tout avoir l'air de fuir je ne sais quelle tyrannie insupportable, simplement
depuis quelques temps je trouve l'atmosphère en France assez dépressive et
morose, il me semble qu'à Berlin en ce moment elle est plus exaltante",
déclare-t-elle dans cette interview réalisée lundi soir à Berlin.
A la
question est-ce que "ça dépend en France de quelqu'un ?", elle répond
: "C'est une histoire vieille de plusieurs années, je ne crois jamais
qu'un seul homme puisse faire un pays, bien sûr que non".
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Mardi, le
député Eric Raoult (UMP) avait interpellé le ministre de la Culture Frédéric
Mitterrand sur les propos, "insultants" selon lui, tenus par Marie
Ndiaye dans le magazine Les Inrockuptibles du 18 août, estimant qu'en tant que
lauréate du Goncourt elle se devait de "respecter la cohésion nationale et
l'image" de la France.
A propos de
la formule qui lui est reprochée sur la France "monstrueuse" de
Nicolas Sarkozy, Marie NDiaye conclut, "oui oui, elle est très
excessive".
De son côté,
le journaliste Bernard Pivot, membre de l'Académie Goncourt, a souligné
mercredi que "le devoir de réserve des prix Goncourt n'existe pas",
après la polémique sur des propos de Marie NDiaye.
"Le
devoir de réserve des Prix Goncourt n'a jamais existé, n'existe pas et
n'existera jamais. Ce serait bien mal connaître les écrivains que de croire
qu'il existe", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Ce qui
est vrai, c'est que le Goncourt renforce une position, donne une aura, une
légitimité. Mais les propos que tiennent les lauréats n'engagent qu'eux-mêmes,
ils n'engagent en aucun cas l'Académie Goncourt et encore moins la
France", a-t-il poursuivi.
Selon
Bernard Pivot, "c'est déjà difficile de décerner le Goncourt, si en plus
il fallait se déterminer sur les propos que l'auteur a tenus des mois
avant..."
"On
juge un livre, pas l'auteur", a-t-il conclu.