LES
POLLUEURS
car ils ont marchandé ma peau
Pour notre bien, ils ont noirci
la mer
Pour notre bien, le bleu du
fleuve
est devenu le bleu cyanure
Pour notre bien, ils ont
macadamisé des champs
Pour notre bien, ils ont
englouti des terres et fait circuler la pestilence des rivières
par eux-mêmes engendrée
Pour notre bien, ils ont affamé
les deux tiers de l’humanité
Pour notre bien, ils ont
répandu la lèpre de Seveso
et les cancers d’Hiroshima
Pour notre bien, ils ont inventé l’équilibre de la terreur avec ses risques de guerres nucléaires
de
guerres bactériologiques, de guerres électroniques.
Belzébuth est devenu roi et les
Cerbères casqués et bottés tentent de nous intimider
Ils veulent nous museler pour
que nous rampions à leurs pieds
À force de vivre enfermés dans
des appartements douillets
À force de nous repaître de
marchandises toutes préparées et pour le ventre et pour l’esprit
Ils imaginent que nous avons
subi le sort
et que nous accepterons toutes
les iniquités
jusqu’à la mort.
À leur violence nous répondrons
par la violence des mots
Leur vérité éclatera comme des
grenades mûres
Nous qui vivions au rythme des
saisons
au rythme des marées
Nous ne voulons pas des Auschwitz
multipliés
Nous abattrons les citadelles
de l’orgueil
et de la cupidité
avant que le soleil ne se voile
la face
et que la Terre envoie ses océans sur les continents.
Michelle Meyer
A l'écoute des mondes éditions Prospetive21 2009
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