BIDONVILLE DU CAIRE
En raison de son actualité, ce poème figure aussi sur mon blog politique.
Ce poème m'a été inspiré par une photo prise par un pasteur luthérien qui visitait les Pyramides d'Egypte. Quand le touriste tournait le dos à celles-ci, il avait vue sur un bidonville du Caire où un Noir a accepté d'être filmé Ce contraste entre la gloire d'un passé avec la venue des touristes aisés et la misère de certains laissait prévoir une révolte à ceux capables de regarder et de prendre la température d'un peuple.
BIDONVILLE AFRICAIN
Je pose pour la caméra
tout en esquissant un pas de bamboula
Ce n’est qu’un film pour touristes
Il fige mes éclats de rire
sans voir mon cœur qui télégraphie sans fil
un tam-tam véhément à l’ensemble des continents
J’habite l’un de ces ghettos
sans fleurs et sans oiseaux
Frère humain et pourtant si lointain
tu ne peux m’empêcher de cueillir
chaque soir les étoiles au firmament
même si c’est toi qui es plus proche du ciel
puisque tu loges dans un gratte-ciel.
Comme d’autres, je n’ai su voir venir le fauve
car il avait deux jambes, deux bras tout comme moi
Hier, il était blanc de peau
À présent, il est couleur café
Avec ses copains colons
Il nous a tous faits marron.
Ici, ce ne sont qu’assemblages
De tôles et de haillons
D’où je m’évade à califourchon
sur les nuages qui s’amoncellent.
Un jour, la foudre pulvérisera
cette tour démentielle
où les hommes d’affaires achètent
des petits coins d’Afrique.
Un jour, il faudra payer le prix des iniquités
à force d’avoir laissé les ventres
de tant d’innocents se gonfler
à force d’avoir supprimé
nos champs de millet et nos forêts tropicales.
Dans les grimoires de nos vieux Sages
je puise l’espoir de voir
les traîtres et les cupides au ban de l’Histoire
Tant qu’il y aura un nègre aux pieds agiles
pour déguerpir afin de fuir les compromis
La honte de notre servitude sera lavée
L’orgueil de nos arts sera retrouvé
Et nous clamerons notre négritude
aux rythmes des balafons.
Michelle MEYER
Ed. Prospective21 "à l'écoute des mondes"
Le texte peut être repris en citant l'auteur et le livre édité dont il est tiré.