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Le blog de Michelle Meyer
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26 juin 2013

Conférence Gutenberg de Howiller 22.06.2013 à Strasbourg

Qui est affabulateur ? Gutenberg ou le conférenci

Je vous laisse juge. Gutenberg est mort en 1468. Pour nous convaincre que Gutenberg a parcouru le monde et laissé trace de son génie là où il est passé , le conférencier lance avec conviction que ce génial présumé inventeur est allé aux Etats Unis promouvoir sa personne et son œuvre, laquelle ?Vraiment génial ce Gutenberg qui est allé en Amérique avant Christophe Colomb !

Il bourlinguait pour s’instruire de l’état de la recherche sur la typographie et ainsi occuper la première place sur la ligne d’arrivée.

Plutôt qu’affabulateur, le conférencier préfère le terme « escroc » car le tracé de la vie de Gutenberg se connaît à partir des nombreux procès qui ont jalonné sa vie.  Logique, il apportait son savoir-faire comme polisseur de pierres fines voire précieuses (des galets du Rhin, selon Monsieur Howiller, sans doute pour apporter un parfum local), notre conférencier n’oublie pas que l’argent octroyé par la Communauté urbaine de Strasbourg pour l’Espace européen Gutenberg doit avoir l’adhésion des contribuables, donc mettons des notes couleur locale pour plaire au nombre et aux boutiquiers qui vendent des souvenirs Place de la Cathédrale et d’étameur de miroirs (reliquaires portatifs chargés de refléter les reliques du site de pèlerinages en vogue). Il fallait de l’argent pour mener à bien une entreprise. Gutenberg cherchait des partenaires pour apporter des capitaux. Pour convaincre, il disait que le matériel allait permettre de faire aboutir un travail qui devait rester secret. Pour notre conférencier, c’était forcément l’imprimerie. Quand son associé meurt à Noël 1438, ses deux frères héritiers veulent récupérer le capital investi dans l’entreprise par le défunt. Un procès s’engage entre Gutenberg et les frères héritiers en 1439. Il fut beaucoup question de la presse. Gutenberg avait commandé des pièces très précises qui devaient permettre de construite des objets merveilleux. On sait que Gutenberg avait mis au point une fabrication en série des objets pour pèlerinages. Cette production industrielle rapportait beaucoup. En 1446, il y eut un nouveau procès entre les deux frères, l’un hérita de la presse, l’autre de le bibliothèque du défunt. Sans presse, Gutenberg retourne à Mayence.

Puisque Gutenberg avait une presse, il faisait de la typographie, ce syllogisme de Jean-Daniel Schoepflin est remplacé par le syllogisme de Howiler : Puisque Gutenberg avait un secret, il faisait de la typographie. Drôle de façon pour mettre à jour la vérité historique. Ici, le parti pris triomphe. Howiller, ancien directeur de la rédaction des DNA, quotidien local, continue dans la fable en parlant du naïf chercheur à court d’argent qui crée à Mayence une société avec le banquier Fust et Pierre Schoeffer. Aucun détail sur le fait que Gutenberg doive rembourser à Fust son capital + les intérêts suite au procès de 1455. L’inventeur est sans atelier et va vivre chichement alors que Fust est parti à Paris, riche du savoir faire de Gutenberg.

La réalité est autre. En 1462, l’imprimerie Fust est dévastée par les troupes de l’archevêque Adolphe de Nassau, imprimerie qui a publié une bible en latin après le psautier de Mayence en 1457 dont il n’est pas fait état dans le procès de 1455 qui oppose Fust et Gutenberg. Fust s’exile à Paris et Gutenberg devient courtisan d’Adolphe de Nassau qui lui alloue une rente et les outils pour faire de l’imprimerie mais ces outils, à la mort de Gutenberg, devront être remis au Docteur Pomery ce qui fut fait.

Après cet exposé avec l’emphase de celui qui sait, le public pouvait poser des questions. Le public apporta des compléments bien plus qu’il ne questionna. C’est là qu’avec bravoure et bravade, Gutenberg se vit pérégriner aux Etats Unis. Troublé, l’orateur oublia l’époque qu’il évoquait. Un assistant évoqua la superbe exposition « 2000 ans d’écrits en Alsace ». J’en profitais pour rappeler que dans « La mémoire des siècle », catalogue qui accompagnait cette exposition, Victor Beyer, Inspecteur général honoraire des musées de France, écrivait : « Gutenberg n’ayant pas abouti à Strasbourg, on verrait mal comment il aurait pu enseigner à Mentelin les rudiments d’un art qu’il ne détenait pas ». Et c’est portant cela qu’avait affirmé l’orateur. La séance fut levée. Je n’avais pas réalisé l’effet produit par mon intervention. Des personnes me saisissaient la main et une dame lance en riant « d’une phrase vous avez détruit sa séance. »

Peut-être. Même si des élus connaissent mon travail sur le mythe Gutenberg, d’autres en mal de reconnaissance ont convaincu des politiques de mettre en place l’Espace européen Gutenberg, Strasbourg aurait aussi son musée technique avec les presses pour imprimerie, ce type de musée ne doit pas être réservé à Mulhouse (sic) Howiller qui m’a saluée en disant qu’il avait lu mes livres, que mon écrit sur l’imprimerie, il l’avait en mains avant la séance, il ouvrit son cartable comme pour le chercher. Puis se ravisant, il regretta mon intervention mais je pouvais encore écrire, avoir les politiques avec soi est primordial, les instigateurs de l’Espace Gutenberg ont gagné. Je traduis l’esprit de ses bougonnements. Impossible d’exiger de la clarté, il veut en découdre, chacun s’écarte. D’autres personnes me reprennent la main en saluant mon courage d’être venue, d’être intervenue. Sans mon mari, je ne pourrais être là, il reste à descendre l’escalier !

 

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