EN CHEMIN DE FER

EN CHEMIN DE FER

 Je ne peux prendre le train
sans évoquer la Prose du Transsibérien
Les mots de Blaise Cendrars
claquent
comme un défilé d’artillerie
Magnitogorsk
Novossibirsk
et moi j’ai dépassé Vesoul
Je roule vers Troyes
et bientôt sur Paris.

 
Je vais ailleurs
sans trop savoir pourquoi
sans absolue nécessité
Ma pensée est pleine de toi
Je suis cette rivière au lit trop rempli
Je suis cette plaine immergée
ces prairies gorgées d’eau.

 
La France des régions
vaut bien la Russie des soviets
L’Alsace oublie Clovis
Et ne se souvient que de Louis Le Germanique.
La Bourgogne ne se contenta pas
de ses marches
et allait jusqu’à la Somme
Cette Champagne où nous roulons à présent
vit Attila, Thibaut de Blois
les deux Jeanne, Lefèvre d’Etaples
Colbert et Bossuet
Sur ce même terroir
les grognards de Napoléon
et les poilus de 14-18
s’illustrèrent 
dans un éclat ultime.

 
Depuis que je t’aime
je me suis remise à la poésie
Le paysage ressemble
à une carte de Noël
Il est calme
comme ton visage reposé
J’ai toujours envie de t’aimer.

                                         Michelle Meyer
 " Ni Eve, ni VENUS" 1980, Prospective 21.
texte sous copyright, peut être repris en citant son auteur.