PLEIN CIEL
Un gratte-ciel
tout de verre habillé
prisme immense
et radieux où l'azur luit
le ciel étincelle
Un gratte-ciel
gaufré
comme la surface océane
résolument drôle
au milieu
des bouquets d'arbres
Dans le living
une lumière lyrique joue
des partitions sur le tapis
les meubles d'une beauté
géométrique irradient
de couleurs
et se prêtent à la fantaisie
d'un moment
La table
devient sièges
les sièges
barbecues
et nous voici
assis parterre en rond
sur nos talons
selon la tradition japonaise
pour déguster
un plat bourguignon
Les plantes de la serre
se croient sous d'autres latitudes
À travers mon rêve des Tropiques
la flûte des cheminées d'usines
Plus d'aubépines en fleurs
d'alouettes sur les terres labourées
mais j'observe au ciel
tel un marin dans le silence
des nuits de quart
l’horoscope
de tous ceux qui commandent
à la barre
La Grande Ourse et son timon
Cassiopée et ses fanaux
Dans le ciel de septembre
un fléau qui chancelle
sans pouvoir s'équilibrer
J'ai déployé la voilure
Un vent de grand large
chargé d'iode tonique
siffle dans les voiles
J'ai peint sur la toile
une arche mythique
Dans le silence de la Haute Mer
la déchirure d'un cœur ensanglanté
qui ne comprend pas pourquoi
sur notre planisphère
il y a la guerre
et tant d’iniquités.
Michelle Meyer
A l'écoute des mondes,Ed. Prospective 21
