L'INSURGE
L’INSURGÉ
Je ne
m’adresserai pas à mon âme
pour soulager
mes peines
Car ce n’est qu’essence
volatile
Je ne parlerai
pas
de ma douleur à mon cœur
Car ce n’est qu’un muscle vineux
Je ne crierai
pas ma souffrance à mes voisins
ni même à mes
amis
Ils
seraient capables d’en rire
Je ne chercherai
pas refuge
à mon écœurement
dans la nature
Car
elle m’indiffère et je l’indiffère
Je n’irai pas
diluer mon ennui
dans quelques
pays exotiques
Car ils n’offrent que des mirages
Je ne noierai pas ma lassitude dans l’absinthe
Car je m’en sentirais humiliée
Je n’absorberai pas du L.S.D.
.
Car l’univers entrevu est factice
Non, je serai l’insurgé
L’infâme qui dit
les vérités qu’on ne veut entendre
L’objecteur de
conscience que l’on emprisonne
Le militant que l’on
torture
Le croyant que l’on
humilie dans sa foi
Mais mon flambeau
Sera plus fulgurant
qu’un météore
Plus spectaculaire
qu’un satellite habité
Il ne connaîtra
pas la nuit interstellaire
Et se plantera
comme un glaive
Dans la poitrine
des tyrans.
1969
Texte sous copyright."Les imageries" prix découverte poésieEd. Jean Germain